Saturday, March 22, 2008

Il faut toujours rester à l'affût

De prime abord, la dernière recrue d'Othman Benjelloun n'est pas des plus accessibles. Rachid Sefrioui vous jauge, vous pèse, vous sous pèse avant de vous délivrer la moindre information.

L'homme a roulé sa bosse comme on dit, et semble déplorer la lenteur et les projets sans portée. Et son parcours en est la preuve. Dès qu'il peut relever un nouveau challenge, il laisse tout et cède à l'appel. Si il est aujourd'hui à la tête de Finatech group, le premier groupe marocain des nouvelles technologies, et dont l'initiative est à attribuer à Othman Benjelloun, ce n'est pas tout à fait le fruit du hasard. Rachid Sefrioui est plutôt du genre téméraire, qui n'a pas froid aux yeux et qui sait parfaitement où il va.
«En 1997, j'ai été approché par Saâd Kettani, alors PDG du groupe Wafa Bank pour gérer la banque d'affaires Wafatrust. Mais au bout de deux ans, j'avais fini ma mission de restructuration, et les conclusions auxquelles j'étais parvenu n'avaient pas été prises en compte. Je souhaitais donc quitter le Maroc. J'ai décidé de créer un fonds technologique finançant et animant des start–up et PME dans la Sillicon Valley», nous confie-t-il dans une interview accordée à Challenge Hebdo en janvier dernier. Le projet peut paraître légèrement utopiste, vu la destination choisie par Sefrioui, seulement c'est sans compter sur son pouvoir de conviction, ni sur son expérience professionnelle passée.


Car au départ, ce diplômé de la Case Western Reserve University à Cleveland (Ohio), spécialisé en recherche opérationnelle, finances & management, avait débuté sa carrière dans le cabinet McKinsey & Company aux Etats-Unis. Il y a mené des missions de stratégie, de restructuration, et d'optimisation de synergies de groupes tels Robertshaw Electronics, Ranco Electronics, Reynolds & Reynolds Systems et Comalco entre autres. Et juste avant de rejoindre Wafa Trust au Maroc en 1997, il était Directeur-Associé à Bowco à Los Angeles, une firme de private equity spécialisée dans les acquisitions de PME dans les secteurs des technologies de la défense, des réseaux satellitaires et de la reconnaissance vocale.



Autant dire que sur le plan des «fondamentaux», Rachid Sefrioui était paré pour une aventure dans la Sillicon Valley. Mais voilà, pour lancer un fonds aux Etats-Unis, encore faut-il disposer de sérieux financements. Nous sommes en 1999. Il frappe à la porte du patron du groupe BMCE, qui a adhéré à son projet au-delà de ses espérances, dit-il.

Rachid Sefrioui se retrouve alors DG de Finaventures à Los Angeles. Et le moins que l‘on puisse dire, c'est qu'il n'a pas chômé durant ces sept années passées à Los Angeles. Finaventures a essaimé et revendu Newnet à Idealab, a opéré 7 fusions-acquisitions, dont Asip-III-V Photonics, Apogee Networks-Inplane Photonics-Cyoptics et RF Magic-Entropic, et a réalisé en décembre 2007 l'introduction en bourse au Nasdaq de Entropic Communications.


Mais Finaventures a aussi orienté et accompagné vers le Maroc de grands groupes technologiques comme Qualcomm (partenaire CDMA de Wana), Texas Instruments, Agilent, Interra IT etc. Son retour au Maroc promet d'être au moins aussi animé et chargé que sa dernière expérience aux Etats-Unis.


Depuis sa création en juin 2007, Finatech Group S.A a d'ores et déjà racheté plus d'une vingtaine d'entreprises évoluant dans les NTIC, et envisage sérieusement son introduction en Bourse. Sans compter que le tout jeune groupe affiche sans vergogne son appétit à l'international, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis en passant par l'Asie.


«Vous savez, dans le domaine de la technologie, on ne peut pas se permettre de rester focalisé sur un seul pays, car la technologie se réinvente tous les 18 à 36 mois. Il faut toujours rester à l'affût», affirme Sefrioui. Une phrase qui en dit long sur le caractère de ce prédateur-né.


Source: Challenge Hebdo